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Dans l'Amérique troublée des années vingt s'est développé un puissant
mouvement syndical. Eddie Lombardo, jeune Italo-américain d'abord tenté
par le proxénétisme, entame une carrière de mouchard au service du
patronat. Violent, totalement dépourvu de morale, Eddie - qui se fait
appeler Florio pour rompre avec sa famille «communiste» - gravit
rapidement les échelons de l'International Longshoremen's Association,
organisation du port de New York bien connue pour ménager les intérêts
des armateurs plutôt que ceux des dockers. Maître ès chantage et
extorsion, aussi doué pour déclencher une grève que pour y mettre fin, il
n'hésite jamais à rendre «service» à ses puissants protecteurs mafieux ni
à utiliser les femmes pour satisfaire ses pulsions perverses, quitte à s'en
débarrasser ensuite le plus cyniquement du monde.
Mais avec la guerre, l'Amérique change, et le syndicat du crime avec elle.
Eddie a beau avoir passé sa vie à étouffer les «rouges», le délire
maccarthyste ne le sert pas. Devenu encombrant, trop voyant du fait de ses
moeurs effrayantes, il perd la confiance des parrains. Or dans ce monde-là,
mieux vaut ne pas se retrouver seul...
Livre ambitieux sur l'ascension et la chute d'un odieux second couteau de
la mafia, fresque dépeignant des décennies de luttes sociales récupérées
par les criminels, Nous ne sommes rien, soyons tout ! renoue avec
l'essence même du noir : l'Amérique de la Dépression, du syndicalisme
gangrené, des politiciens véreux et des immigrés qui feront le lit du
gangstérisme. Valerio Evangelisti, très connu pour ses épopées médiévales
autour de l'inquisiteur Eymerich et de Nostradamus, avait déjà traité du
rôle du crime dans la naissance de l'Amérique dans Anthracite. Sans
romantisme aucun, il marche ici sur les traces de ses glorieux
prédécesseurs Hammett, Burnett ou McCoy.