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Après avoir publié de nombreux ouvrages - en équipe ou
séparément - au sujet de l'apprendre à penser, en général,
et la démarche de problématisation, en particulier, les
auteurs du présent ouvrage ont constaté deux impasses
didactiques : d'abord, de ce qu'il est convenu d'appeler les
«Questions socialement vives» qui traitent des grands
problèmes de société relayés par les médias : elles se sont
enfermées dans le champ de l'éthique et se contentent
d'inciter les élèves à mener des débats idéologiques
argumentés. Ensuite, de l'enseignement des disciplines
scientifiques (biologie, physique, mathématiques). Dans le
premier cas, l'impasse vient de ce que les préoccupations
sociales restent des «questions» sans réponses, car elles
ne sont pas construites en problèmes à partir de données
objectives ; aussi ne sont-elles pas susceptibles d'être
résolues. Dans le second cas, les disciplines scientifiques
proposent aux élèves des problèmes «artificiels», sans
connexion avec la réalité sociale et scientifique ; les
énoncés contiennent toutes les données nécessaires à leur
résolution. Les premières sont trop ouvertes, les secondes
trop fermées. Les premières permettent des débats sans
fin et sans solution sur des enjeux réels, les secondes
appellent à des calculs précis et à des solutions sans enjeux.
Progressivement, les auteurs sont arrivés à penser que
l'introduction des «problèmes complexes flous» dans le
champ de l'éducation permettrait à la fois de structurer
et de problématiser les «Questions socialement vives»,
et d'ouvrir les matières scientifiques vers des problèmes
autres que conventionnels. Entre ces deux extrêmes se
situe la pédagogie de l'art non figuratif qui pourrait servir
de situation prototypique.