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L'approche contemporaine de la voyance est
aujourd'hui traversée par une contradiction
ruineuse. Lorsque les historiens ou
les anthropologues étudient les pratiques
divinatoires du monde antique, leur
démarche est considérée comme légitime.
En revanche, lorsque les parapsychologues étudient les phénomènes
psychiques produits par les médiums et les clairvoyants,
aujourd'hui en Occident, leur démarche est suspectée et leur
objet perçu comme illusoire. Le positivisme et le scientisme ont
beau être officiellement passés de mode, c'est à travers leur
prisme que l'on continue de voir le problème posé à notre culture
par la persistance des pratiques divinatoires : dans le monde
antique, elles ont été le laboratoire de la future rationalité, et c'est
en cela qu'elles offrent un objet intéressant. Mais, dans le monde
contemporain, elles manifesteraient une adhésion illégitime à
des formes dépassées de l'esprit. C'est pourquoi la plupart des
anthropologues tiennent implicitement la question pour réglée.
En s'appuyant sur le vaste corpus des sciences psychiques,
Bertrand Méheust conteste frontalement et méthodiquement ce
consensus. Les faits sont désormais suffisamment attestés à ses
yeux pour que l'on entreprenne l'examen de certaines de leurs
implications épistémologiques. En prenant pour fil conducteur
l'immense question de la mémoire, il est ainsi amené à revisiter
la conception antique de la réminiscence. Une manière d'entrouvrir
la boîte de Pandore...