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L'épopée de Mpomo est un vaste complexe narratif que le chercheur a
recueilli par fragments chez les Koozimé, de la bouche de Daniel Minkang,
l'aède. Après une patiente reconstitution, il nous en offre aujourd'hui le texte
dans toute son ampleur. Les Koozimé constituent un petit groupe de quelques
dizaines de milliers de locuteurs, égaillés dans la forêt équatoriale qui recouvre la
province de l'Est du Cameroun. Leur langue appartient à la famille du Bantou.
L'histoire est celle de Mpomo, un enfant extraordinaire, dernier-né de
Zyèm, un fondateur de clan, lui-même benjamin de la première famille
humaine, qui s'est trouvée désunie et dispersée à la suite d'une faute commise
par la mère initiale de l'humanité. Cette dernière ayant introduit la sorcellerie
et la mort parmi les hommes, Mpomo vient au monde, investi d'une quadruple
mission : restaurer l'ordre et la justice, établir la paix, décapiter la sorcellerie,
assurer l'unité de la grande famille des «descendants de Zyèm, Bèm et Yamékana»
qui, selon les Koozimé, n'est autre que l'indivise humanité.
D'un chapitre à l'autre, le lecteur découvrira les figures épiques qui peuplent
le pays de «la grande rivière». Ce sont des figures féminines d'abord, les
plus notoires étant Ampouam, discrète prêtresse pourvoyeuse de puissance,
Njol, soeur jumelle de Mpomo, et Andé, la mère adoptive du jeune Mpomo. S'y
ajoutent des personnages masculins à l'héroïsme téméraire, diabolique ou bon
enfant. L'ensemble tourne autour de celui que l'on tient pour le prince des
géants, le roi parmi les rois, et dont le nom ne se prononce qu'assorti d'une
foule de devises : «Mpomo dit Yan-yan, le Fromager aux branches armées
d'épines ; Arbre à fourmis noires qui décontenance les plus téméraires ; Petit
cours d'eau sinueux qui se faufile entre les plus grands arbres...»