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Les élections législatives marocaines de septembre 2002, premier scrutin
organisé sous le règne de Mohammed VI, ont été l'objet de nombreuses
espérances et conjectures de la part des observateurs comme des élites politiques
marocaines. Au-delà de cet horizon d'attentes, fait de représentations
multiples des évolutions du régime et concentré sur le face-à-face entre la
monarchie et les partis politiques, quelles lectures proposer de ce scrutin ?
Que nous apprennent les expériences multiples vécues au cours de la campagne,
du vote et de ses lendemains ?
Cet ouvrage collectif renoue avec une sociologie électorale quelque peu
délaissée ces dernières décennies dans le pays, où la dimension compétitive
de l'élection reste soumise à caution. Les différentes contributions qui le
composent mettent l'accent sur les logiques de représentation et de mobilisation
qui traversent le moment électoral, en rendant compte de la pluralité
des acteurs : ceux qui occupent le devant de la scène, comme ceux qui s'activent
dans les coulisses. Faisant varier les échelles, elles s'intéressent à ce
qui est donné à voir, à entendre, à espérer et aux mises en scène du politique.
Elles en examinent les répertoires discursifs, gestuels, visuels, parfois
musicaux.
Par delà les petits et les grands enjeux affichés, cet ouvrage espère ainsi
éclairer, au prisme du moment électoral, les restructurations d'un ordre
sociopolitique. Loin d'affirmer que «rien ne change» ou que l'épreuve des
urnes est mystificatrice, il considère des transformations en pointillé de la
représentation politique, des manières d'aller au peuple, de voter ou de
s'abstenir. Il explore les luttes symboliques auxquelles se livrent les candidats
pour définir l'excellence politique, pour délimiter les frontières de la
notabilité et du militantisme. Il observe la reconfiguration des relations de
clientèle et de proximité. En filigrane, une question se pose : l'un des
enjeux fondamentaux des tribulations de la scène électorale marocaine ne
serait-il pas d'étendre, pour les uns, et de retarder, pour les autres, l'exercice
effectif du suffrage à des catégories jusque-là exclues de la représentation ?
Ont contribué à cet ouvrage : Mounia Bennani-Chraïbi, Myriam
Catusse, Hsain Ilahiane, Rémy Leveau, Jean-Claude Santucci, Victoria
Veguilla et Lamia Zaki.