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Le protestantisme a connu au XXe siècle un tournant majeur. De religion
de l'esprit du capitalisme, il est devenu religion de l'émotion des
pauvres. Ce nouveau protestantisme qui conquiert le monde s'appelle
pentecôtisme. Parti au début du siècle dernier des États-Unis et notamment
des Églises noires américaines mais, presqu'en même temps, de
l'Afrique du Sud, du Chili et du Brésil, le pentecôtisme a aujourd'hui le
Brésil comme vecteur d'expansion le plus dynamique. Non seulement le
Brésil est, avec ses vingt millions de pentecôtismes, le pays où ce mouvement
charismatique est le plus établi mais il est aussi le pôle qui, avec
la Corée du Sud, le Ghana, Porto Rico, irradie sur la plupart des continents.
Fondée en 1977, l'Église universelle du royaume de Dieu compte
2 millions d'adeptes au Brésil et un autre million répandu dans 80 pays.
Propriétaire au Brésil de la troisième chaîne de télévision, elle est révélatrice
d'une transformation profonde non seulement du pentecôtisme
- et on parle de néo-pentecôtisme - mais plus généralement du religieux.
Loin de se retirer du monde, l'Église universelle se veut à la conquête du
monde sur ce qui aujourd'hui le définit le mieux : l'argent, les médias et
l'individualisme.
A la fois étonnamment homogène et extrêmement centralisée,
l'Église Universelle - l'IURD selon l'acronyme brésilien - essaie de
s'adapter à des situations extrêmement diverses. Parfois, elle en est
capable comme en Argentine, au Vénézuela, en Côte d'Ivoire, en
Afrique du Sud, au Portugal et même aux États-Unis, parfois elle
connaît des reculs ou elle piétine comme en France, au Mexique ou au
Kenya. Elle dispose pour son expansion d'un empire financier, médiatique,
politique et d'assistance sociale qui stupéfie et inquiète.