Read more
Oui, c'était un géant paisible, une encyclopédie vivante, un gargantua dévorant
livres et plats de riz, un paysan travaillant les rizières... Une couverture et
une vieille 2 CV lui suffisaient pour dormir n'importe où et sillonner tout
Madagascar. Il avait quadruplé le rendement des rizières, fertilisé les sols stériles,
et enfin, il avait fondé, envers et contre (presque) tous, un séminaire sans
professeurs, auto-discipliné et auto-financé, pour mener des adultes moins scolarisés
au sacerdoce...
En fait, c'est fortuitement, mais providentiellement, que le Père risqua un
repiquage précoce et accéléré du riz. Ce qui aurait pu aboutir à un échec se révé-la
prodigieusement efficace ! Il avait découvert avec stupeur la technique qui
allait révolutionner la riziculture, l'économie, et donc la civilisation. Jusque-là,
comme tout le monde, il pensait qu'il fallait semer les grains serrés, dans beacoup
d'eau, avec de l'engrais, et attendre plus d'un mois avant le repiquage. En
réalité, il faut très peu d'eau, un repiquage très précoce et très aéré, utiliser du
fumier de ferme.
Avec beaucoup d'humilité, le Père de Laulanié ajoutait qu'un chercheur japonais,
M. Katayama, avait découvert cela avant lui, sans que lui-même s'en doutât.
Plus tard, l'ambassade du Japon l'aida à entrer en contact avec M. Katayama.
Progressivement, des cultivateurs de plus en plus nombreux adoptèrent le
"Système de Riziculture Intensive" (S.R.I.) sur des parcelles expérimentales qui
atteignirent un rendement de 15 tonnes à l'hectare.
C'était un mystique, qui garda toujours la conviction que l'Esprit Saint le guidait
et faisait tout pour son bien, en même temps qu'il lui demandait de rester
très prudent et modeste pour bien discerner ce que Dieu attendait de lui.