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La mission n'a-t-elle été qu'un mouvement à sens unique : des pays chrétiens vers les pays païens, des Occidentaux civilisés vers les sauvages d'ailleurs, du centre vers les régions périphériques ? On l'a longtemps pensé, réduisant la mission à une stratégie de conquête avec un vainqueur et un vaincu, à un processus ne comportant qu'un seul véritable acteur.
La réalité a été beaucoup plus complexe. A l'échelle de l'histoire, la mission a engagé l'Eglise dans des mutations et des déplacements susceptibles de renouveler profondément certains aspects du christianisme : ses pratiques et ses institutions mais également ses représentations, son discours et la compréhension même de son message.
Dans le prolongement de diverses recherches menées depuis quelques années des deux côtés de l'Atlantique, les auteurs de cet ouvrage ont voulu ensemble, lors d'un colloque tenu à l'Université Laval (Québec), réviser cette vision ancienne d'une mission à sens unique menée au nom d'un salut universel.
A partir d'études de cas qui s'échelonnent du XVIe siècle à nos jours, historiens, théologiens, missiologues et anthropologues montrent qu'à des degrés fort divers selon les époques et les contextes, la mission demeure un lieu de contacts, un espace frontière où s'opère, avec plus ou moins de résistance et en fonction de divers rapports de compatibilité, la transformation des institutions et des traditions. A certains égards et parfois à la surprise des acteurs eux-mêmes, les effets de la mission ne semblent jamais entièrement prévisibles ni tout à fait contrôlables. En privilégiant une perspective dialogique, l'espace missionnaire apparaît ainsi comme un lieu de rencontres et d'innovations interculturelles.
