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Quel rôle un chercheur peut-il se donner face à l'urbanisation
accélérée ? Comment interroger ou accompagner
des politiques urbaines et de lutte contre la pauvreté,
souvent défaillantes ? C'est à ces questions que s'est
confrontée Françoise Navez-Bouchanine dans ses nombreux
ouvrages et engagements consacrés aux mondes
urbains. Sociologue, formée en Belgique, elle a été une
observatrice attentive, obstinée et exigeante des transformations
contemporaines dans les villes du Sud et surtout
au Maroc - où elle a vécu une grande partie de sa vie -
sans négliger le Nord. Elle s'est particulièrement intéressée aux quartiers populaires,
aux bidonvilles, à l'habitat «clandestin», à ces espaces à «faible légitimité»
selon l'expression de son maître Jean Rémy, à leurs habitants, à leurs
pratiques, à leur place dans les projets d'aménagement dont elle a analysé avec
une acuité critique les volontés de mise à la norme systématisée.
Françoise Navez-Bouchanine circula ainsi dans une pluralité de mondes, en
variant ses engagements professionnels : monde de la recherche, de la transmission,
des études, de la consultante, du conseil, du projet. Son parcours est
exemplaire d'«une sociologie partie-prenante» telle qu'elle l'a théorisée ou de
celui de «chercheur-engagé», de «militant de la réforme urbaine».
La richesse et la diversité des contributions font ici écho à ce parcours
emblématique. On y trouvera des articles de chercheurs et de praticiens sur
l'urbain dans des pays tels que le Maroc, l'Algérie, l'Égypte, la Turquie ou la
France, le Canada et l'Italie. Ces auteurs sont issus de différentes générations
(compagnons de pensée, d'action et de vie, des plus jeunes qui poursuivent
l'exploration de ses idées et de ses convictions). Les formes variées de témoignages,
d'analyses empiriques et théoriques, de mise en perspective comparative
confirment la pluralité des entrées.