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Metka Zupancic a réalisé une série d'essais sur dix femmes francophones,
qui vivent entre le Québec, l'Ontario, la Belgique, la Tunisie
et la France. Elle y adopte une orientation critique qui se nourrit
du mythe orphique et de ses avatars, tels qu'on peut les trouver dans
leurs oeuvres - où le démembrement se voit remplacé par ce qu'elle
appelle le remembrement (terme qui fait référence à la reconstitution
de terrains agricoles à partir de parcelles dispersées).
Ces écrivaines, avançant en écriture et en maturité, ressentent la
nécessité de modifier les rapports avec les femmes tels qu'ils avaient
été promus par les féministes des années 1970. Le contact de la fille
avec la mère, enviable et détestable, prison et liberté, lien et rupture ;
le réseau à former, dans lequel il s'agit d'établir sa propre individualité
pour ensuite revenir au groupe et à la communion nécessaire :
voici quelques-unes des questions qu'elles posent.
La littérature est le moyen d'évoquer la généalogie, la démultiplication
du féminin, l'altérité et l'identité, la variété et la ressemblance.
Dans ce mouvement sans fin, le remembrement des aspects éclatés
du corps symbolique féminin reste le centre nécessairement multiple
d'où part la réflexion.
Metka Zupancic ne craint pas de laisser paraître sa propre subjectivité
dans ce texte très personnel, allant jusqu'à évoquer la mort
de sa propre mère. Cette complète implication de l'auteure dans son
texte, combinée à une approche analytique nourrie d'une grande
connaissance de la mythologie classique, en fait la principale originalité.