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La croissance et le développement de l'Afrique subsaharienne constituent
un véritable mythe : ils sont évoqués dans tous les discours, mais tardent à se
concrétiser. L'évidente contradiction entre les objectifs volontaristes affichés
par les pouvoirs publics africains et la faiblesse des moyens dont ils se dotent
conduit à s'interroger sur les ressorts de ce paradoxe et à mobiliser comme
facteur explicatif l'extraversion qui caractérise les liens qu'entretient l'Afrique
avec le reste du monde, en particulier les liens économiques.
Vu de loin, le comportement des pouvoirs publics africains paraît incohérent
et parfois suicidaire, en tout cas en contradiction avec les impératifs du
développement. À y regarder de plus près, ce comportement semble toutefois
parfaitement rationnel pour des individus dont la principale préoccupation est,
au mieux, de s'adapter à un contexte décisionnel fluctuant et, au pire, d'instrumentaliser
les contraintes externes pour s'octroyer une légitimité interne d'autant
plus impérative qu'elle peut rarement s'appuyer sur des élections libres et
transparentes. Il en résulte un jeu permanent entre les individus et les institutions
dont l'issue est incertaine.
Cet ouvrage s'attache à démontrer que l'improvisation, tendance lourde du
pilotage des économies africaines, est la réponse des pouvoirs publics africains
à des événements perçus comme aléatoires. L'absence de maîtrise des instruments
de souveraineté économique (la monnaie, le budget) se traduit concrètement
par une obligation de réagir au lieu d'agir. Après avoir mis en évidence
la faible efficacité des politiques économiques menées sur le continent africain,
cet ouvrage entend ainsi expliquer une partie de l'échec des politiques suivies,
résultat pour l'essentiel de l'incertitude et de l'extraversion de la gouvernance
en Afrique subsaharienne.