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Les régimes semi-autoritaires ont souvent été décrits sous l'angle de
leur organisation, formelle et informelle ; on sait qu'ils autorisent la liberté
d'association, le pluralisme politique, que les médias libéralisés y façonnent
un espace public et qu'en même temps, des dispositifs non officiels rendent
l'alternance pratiquement impossible. La démocratie et ses élections
constituent une façade qui confère au régime sa légitimité sans l'exposer
au risque de la compétition politique. Ce qu'il importe de documenter plus
précisément, aujourd'hui, c'est la manière dont ces transformations institutionnelles
(nouveaux pouvoirs locaux, élections, liberté d'association et de
la presse...) rendent possibles et façonnent un espace imaginaire et pratique
au sein duquel s'élabore une critique du pouvoir établi.
La question est donc de savoir comment s'opèrent les oppositions de
consciences et de pratiques, les insubordinations et les révoltes vis-à-vis
du pouvoir dans un contexte où leur légitimité n'est pas remise en cause
mais où elles aboutissent rarement aux résultats espérés. Qu'advient-il
des oppositions frustrées ? Comment les transformations institutionnelles,
même neutralisées, insufflent-elles un dynamisme politique ? Et quel dynamisme
?
L'objectif de cet ouvrage est d'apporter quelques éléments de réponses
à ces questions en partant d'études de cas menées au Burkina Faso. Outre
une contribution à l'analyse des régimes semi-autoritaires, ce livre propose
un aperçu à la fois synthétique et détaillé de la situation politique du pays.