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Cet ouvrage se propose d'étudier le croisement de la trajectoire de
l'État mauritanien avec celle d'un groupe peul (les Fulaa'be). Resté
historiquement en marge des centralisations politiques grâce au nomadisme
et au pastoralisme, ce groupe a été intégré à l'État en subissant
ses évolutions tourmentées. Reposant sur une analyse ethnographique,
le livre retrace les différentes formes de marginalité endurées par les
Fulaa'be, de l'époque coloniale jusqu'aux récentes tentatives de
«démocratisation», en passant par les exactions de 1989. Face à ces
processus d'exclusion, ils ont su transformer les «marges» dans lesquelles
ils ont été relégués en interstices de pouvoir et de liberté, où se
mettent en place leurs tactiques et stratégies pour la reconnaissance, la
participation politique et l'accès aux ressources.
S'appuyant sur les expériences et les narrations des Mauritaniens
rencontrés pendant une recherche de terrain entre Nouakchott et la
«brousse», cet ouvrage revient sur les questions cruciales de gouvernance,
d'autochtonie, de démocratie locale et de décentralisation. Plus
généralement, il apporte une contribution au débat sur la citoyenneté en
Mauritanie, tout particulièrement avec le cas, aussi méconnu que révélateur,
des réfugiés et des rapatriés mauritaniens du Mali.
À travers une démarche qui part des «marges» pour mieux comprendre
le «centre», cette recherche s'inscrit dans les approches
récentes de l'anthropologie de l'État en Afrique et participe au débat
postcolonial sur les concepts d'hégémonie et de subalternité.