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Le 4 mai 2007, le candidat Nicolas Sarkozy se rend
aux Glières (Haute-Savoie), pour y saluer la mémoire
des maquisards massacrés en mars 1944 par les
nazis et les miliciens français. Élu président, il
renouvelle l'opération en mai 2008 et avril 2009. Et
cette année-là, il prétend que son action se situerait
dans le droit fil «du Conseil national de la
Résistance, qui, dans les heures les plus sombres
de notre histoire, a su rassembler toutes les forces
politiques pour forger le pacte social qui allait
permettre la renaissance française».
Pure imposture ! Publié en mars 1944 sous le
titre Les Jours heureux, le programme du CNR
annonçait un ensemble ambitieux de réformes économiques
et sociales, auquel le fameux «modèle
social français» doit tout, notamment la Sécurité
sociale, les retraites par répartition et la liberté de
la presse. Or, depuis son élection, Nicolas Sarkozy
s'applique à démanteler ce programme, comme
s'en réjouissait en 2007 Denis Kessler, l'un des
idéologues du Medef : «Le programme du gouvernement
est clair, il s'agit de défaire méthodiquement
le programme du CNR.» D'où la contre-offensive
de l'association «Citoyens résistants d'hier et d'aujourd'hui»,
créée par ceux qui ont réagi dès
mai 2007 à l'imposture sarkozyenne.
En republiant ce texte fondateur exemplaire par
sa concision, ils ont choisi de le compléter par une
série d'articles sur son histoire et son actualité,
expliquant d'abord comment il fut conçu puis mis
en oeuvre après la Libération. Puis comment, dès les
années 1990, mais surtout depuis la présidence
de Nicolas Sarkozy, cet édifice a fait l'objet d'une
démolition en règle. En évoquant la mobilisation
citoyenne qu'ils ont initiée, ils révèlent la puissance
du discours d'hier pour nourrir les résistances
d'aujourd'hui.