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Depuis sa reformulation par Woodrow Wilson et par Max Weber, la dichotomie
entre administration et politique a connu un destin contrasté au sein des
savoirs d'État.
Autant les sciences sociales et politiques ne reconnaissent désormais à cette
dichotomie qu'une très faible valeur heuristique, autant une partie du champ
juridique continue de la canoniser à l'intérieur du paradigme constitutionnel
rousseauiste qui distingue les institutions de la volonté et les institutions
qui exécutent cette volonté. C'est précisément aux usages juridiques de cette
dichotomie que les auteurs - eux-mêmes juristes pour la plupart - s'intéressent.
Le statut juridique de la dichotomie entre administration et politique est
examiné ici dans une perspective comparatiste (France, États-Unis, Italie,
Royaume-Uni, Danemark), et à travers le double enjeu de la neutralisation
de l'administration de toute capacité politique propre et de l'anonymisation
politique des fonctionnaires.
Au final, c'est une réflexion sur l'État administratif que proposent les auteurs,
ainsi qu'une invitation à envisager autrement la question de savoir «qui est
responsable» en démocratie, puisque la réponse proposée par le principe de
la responsabilité politique a été pensée longtemps avant l'avènement de l'État
administratif.