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Calligraphe, provincial, huguenot, littérateur du dimanche, c'est la configuration idéale pour un destin à dédaigner. Pire, les frères Parfaict ignorent que cet auteur de deux pièces de théâtre, Gougenot, se prénommait Nicolas et était, à Dijon, un maître-écrivain réputé.
Sa Fidèle Tromperie (1630 ?) est une somme technique, fruit des réflexions accumulées par un ardent partisan de l'art
théâtral, né dans le même temps qu'Alexandre Hardy, et admirateur éclairé de celui-ci. Le raffinement et la clarté des artifices de disposition dramatique qu'elle met en oeuvre la propulsent (sous cet aspect) largement en tête de la production des années 1630. La touche autodidactique, archaïque, de son style, n'est pas désagréable. Dans l'euphorie de cette richesse technique, l'aventure de la grande amoureuse délaissée à qui un fougueux jeune homme permet de regagner son amant, témoigne d'une sincère mobilisation féministe.
Le Traité de la disposition (ouvrage de Gougenot, comme le montre à nouveau notre récente biographie) affirme clairement ne pas savoir de quoi on parle lorsqu'on se veut « régulier ». Sa théorie ascétique (un art de savoir éliminer ce qui ne contribue pas à tenir en haleine les spectateurs) relèverait mieux d'un Labiche, que des laborieuses spéculations de Chapelain et de Mairet. Riche de jubilation technique, la Fidèle Tromperie couronne la filière Hardy, avant l'annexion réductrice de celle-ci par la régularité.
François Lasserre achève un cycle de travaux sur Gougenot, la réédition de la Fidèle Tromperie étant couplée avec son récent Nicolas Gougenot, dramaturge... Au-delà, il a entrepris d'éclairer les inspirations de jeunesse et les résistances de Corneille, analysant, notamment, la pastorale anonyme d'Alidor, les pièces des Cinq auteurs..., et
ici, la connivence méconnue de Corneille avec Gougenot.
