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En 1991, le roman de Douglas Coupland, Generation X : Tales for an Accelerated Culture, dresse le portrait d'une génération de nomades, nés entre 1965 et 1977, « Baby Busts » détachés, adolescents éternisés, qui s'opposent aux « Baby Boomers ». Le « X » se réfère à l'anonymat de cette génération, constituée d'individus qui ont été marqués par le début d'Internet, la fin de l'histoire et des militantismes, le passage de l'âge de la reproduction à celui de l'accès « illimité ».
Cette génération est aussi la première à faire revenir, dans l'art, la mémoire des histoires de pionniers et d'explorations, la désincarnation des toons, l'image des premiers pas sur la Lune. Ensemble, ils définissent d'autres rapports au monde, des modes d'expérimentation, de transgression et de détournements qui s'opposent aux (contre-) révolutions précédentes.
Depuis quelques années, cette question générationnelle ne cesse d'être posée à l'échelle internationale pour tenter de cerner ce moment si particulier où se constituèrent des réseaux informels d'artistes, de commissaires indépendants, de galeries, de centres d'art, d'écoles ou de magazines. Des situations qui virent naître les bases d'un vocabulaire de l'exposition, une nouvelle manière de faire de l'art et d'être contemporains.
L'exposition « 1984-1999 » et l'album qui l'accompagne se saisissent de cette décennie qui échappe aux définitions et met en faillite les tentatives historiques. Il ne s'agit pas de reconstituer une époque ou de sacraliser un temps idéal et perdu, mais plutôt d'actualiser les formes et les procédures qui ont anticipé la création artistique d'aujourd'hui et de collecter les objets et les sources qui ont traversé et inspiré ces années-là dans les domaines de l'art, de la littérature, du cinéma, de la musique, de l'architecture et du design.