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À dix-huit ans, Valéry entame une première carrière qui le
conduit à faire paraître une trentaine de poèmes, après quoi le
sentiment, autour de 1892, de ne pouvoir égaler Mallarmé ou
Rimbaud en vient à ouvrir une crise : il cesse d'écrire. Néanmoins,
trois ans plus tard, il donne coup sur coup deux brefs chefs-d'oeuvre
: l'Introduction à la méthode de Léonard de Vinci et
La Soirée avec Monsieur Teste. Devenu rédacteur au ministère
de la Guerre en 1897, il connaît une nouvelle, mais plus longue,
période de silence à laquelle la publication de La Jeune Parque
ne mettra un terme qu'en 1917. Il continue cependant, chaque
matin, à l'aube, à tenir les Cahiers où il consigne des réflexions
sur des sujets divers, mais la suspension de l'oeuvre est par
moments vécue comme une panne douloureuse.
Un nouveau départ est donné vers 1912 lorsque Gide lui
demande de réunir ses oeuvres de jeunesse et, de la relecture
de ses anciens poèmes, vont naître tour à tour, après la Parque,
l'Album de vers anciens et Charmes en 1922. À cet ensemble
s'ajoutent en 1919 les réimpressions de l'Introduction et de
la Soirée et, peu après, les dialogues d'Eupalinos et de L'Âme
et la Danse : l'évidence s'impose qu'une oeuvre majeure est
en train de se construire. Cette gloire naissante vaut à son
auteur de nombreuses commandes de préfaces, d'études ou
de conférences qui viendront nourrir les volumes successifs de
Variété, les Regards sur le monde actuel ou les Pièces sur l'art.
Elle lui vaut également de participer à diverses commissions
culturelles, en particulier dans le cadre de la Société des Nations,
et de devenir ainsi, en Europe, une sorte de passeur de culture.