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De 1938 à 1953, Lavrenti Beria a été un rouage essentiel du
système stalinien, qu'il a ensuite tenté d'amender avant de
payer de sa vie cette tentative avortée. Manipulateur, d'une
cruauté sans bornes, c'est ainsi qu'il entra dans l'histoire. Or,
la figure de Beria s'avère au regard des faits et à l'analyse
bien plus complexe : bourreau certes, mais aussi fin politique.
Fils de paysans misérables, il connaît une ascension fulgurante.
Flanqué d'une cohorte de tortionnaires, il dirige la police
politique soviétique, le NKVD, pendant sept années décisives
(1938-1945) au cours desquelles la nomenklatura consolide
son pouvoir. Il organise la déportation meurtrière des peuples
du Caucase, planifie les meurtres de Trotsky et de ses ennemis
politiques.
Mais, à la mort de Staline, Beria est le premier à saisir que
le régime, à bout de souffle, ne peut survivre qu'en desserrant
le carcan de la terreur policière. Il commence à démanteler le
goulag, propose la réunification de l'Allemagne ; en somme,
des mesures annonciatrices de la perestroïka gorbatchévienne.
Nommé ministre de l'Intérieur en mars 1953, il est arrêté par
ses pairs en juin et fusillé en décembre pour un complot infondé.
À l'appui de nombreux documents d'archives rendus publics
à la chute de l'Union soviétique, Jean-Jacques Marie brosse
le portrait complet de l'un des acteurs majeurs de l'URSS sous
Staline.