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Ses soldats le surnommaient «Bras de fer», tant il exigeait
d'eux. C'est sans doute cette opiniâtreté qui permit à Jean de Dieu
Soult, duc de Dalmatie, d'être celui des maréchaux de Napoléon
qui se maintiendra le plus longtemps dans cette infernale guerre
d'Espagne et du Portugal. Quatre longues années retracées dans
ces Mémoires qui débutent avec la descente de l'Empereur dans la
péninsule à l'automne 1808 afin de reprendre Madrid. Jean de Dieu
Soult est à ses côtés et balaie une partie des troupes britanniques
qui doivent rembarquer à la Corogne. Nommé major général
des armées en Espagne, il s'empare ensuite de l'Andalousie où il
va régner en proconsul mais sans céder un pouce de terrain aux
armées anglo-espagnoles qui l'entourent. Beaucoup de critiques
ont été émises contre cet homme ambitieux mais aussi redoutable
organisateur, administrateur hors pair et que Napoléon, après son
action décisive à Austerlitz avait sacré «le meilleur manoeuvrier
d'Europe» : d'avoir voulu, selon certains, se faire sacrer roi de
Portugal, de s'être enrichi, de ne pas avoir porté secours à ses
camarades comme Masséna, échoué devant les lignes de Torres
Vedras qui ont rendu Lisbonne inexpugnable. Mais comme le
dira Napoléon, Soult est la seule «tête militaire» de ce conflit
lointain. Les Mémoires du maréchal montrent surtout ce que fut
cette guerre cruelle durant laquelle naquit le mot devenu universel
de «guérilla» : menée sans moyens, au milieu des intrigues, loin
de tout et surtout du regard de l'Empereur qui la méprisait, il
fallait effectivement être de fer pour ne pas connaître la défaite.
Un texte indispensable pour tous ceux qui s'intéressent à l'épopée
impériale et à ce terrible conflit, début de sa chute, qui fit plus
100 000 morts côté français.