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Est-ce ainsi que Léo Ferré vécut ?
De l'enfant monégasque au pater familias toscan, du 24 août 1916
au 14 juillet 1993, voici, narré par le menu, un voyage
magnifique : celui d'un terrien du XXe siècle qui fit de la musique
son cosmos et de la poésie son vaisseau spatial.
Car Ferré ne fut pas seulement un auteur-compositeur-interprète
de chansons populaires (Paris-Canaille, Jolie môme, Vingt ans, C'est
extra, La The nana) ou de chefs-d'oeuvre définitifs (La mémoire
et la mer, Les étrangers, Avec le temps) ; pas seulement un anar
généreux et irréductible (Les anarchistes, Madame la misère, Ils ont
voté, Il n'y a plus rien) ; pas seulement un compositeur d'oratorios
et d'opéras (La chanson du Mal-aimé, L'opéra du pauvre). Il fut
aussi un «passeur» qui donna à aimer les poètes qu'il mit en
musique (Aragon, Baudelaire, Apollinaire, Verlaine, Rimbaud,
Caussimon) et les musiciens dont il se fit le héraut (Beethoven,
Ravel, Mozart, Satie, Bartok) : là aussi est son oeuvre.
Cette «oeuvre-vie» de Léo Ferré, comme celle d'Arthur Rimbaud,
est une aventure individuelle unique qui dit tout de tous les
humains et de leurs rêves, de leurs méandres et de leurs paradis
perdus. Le bonheur ? «C'est du chagrin qui se repose.»
La vie de Léo, c'est la nôtre : «Avec le temps, va, tout s'en va...»
Tout s'en va, sauf la voix de Léo Ferré, qui demeure. «Une voix
unique, inoubliable», comme l'écrit Guy Béart dans son avant-propos.
Une voix amie, une voix aimée, une voix sans maître.