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Qu'est-ce que comparer deux sociétés, deux institutions
ou deux mythes ? C'est à partir de cette question qu'on peut
comprendre l'oeuvre de Lévi-Strauss.
Au lieu de répertorier les ressemblances entre les cultures, il
choisit de faire de leurs différences le moteur de la comparaison.
Ce geste, qui trouve son point d'aboutissement dans les Mythologiques,
est indissociable d'une thèse sur la production des
phénomènes culturels : chaque société forge ses mythes et
ses rites en traduisant et en déformant ceux de ses voisines.
Comparer ne se réduit donc pas à classer les faits sociaux, mais
devient un moyen de saisir le fonctionnement de l'esprit humain
aux points de contact entre les cultures, d'éclairer les opérations
mentales par lesquelles elles construisent leurs différences.
C'est dans l'étude des mythes que ce redéploiement du
savoir anthropologique s'est opéré. Afin d'en éclairer les enjeux,
ce livre retrace une histoire conceptuelle qui passe par Tylor,
Granet, Dumézil, mais aussi Freud, Saussure et Jakobson. Il
conduit à une réinterprétation de la notion de structure : loin de
figer la vie sociale dans des modèles immuables - comme on
le lui a souvent reproché -, elle est une manière de décrire
les dynamiques de transformation qui amènent chaque culture
à affirmer une identité distinctive.