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OEuvre secrète de Jean Racine, l'Abrégé de l'histoire de Port-Royal
est également une oeuvre inachevée : un véritable écrivain s'attaquait
pour la première fois à composer une histoire de la célèbre abbaye. Le
manuscrit mystérieux disparut jusqu'au jour où un libraire inconnu en
fit paraître une première partie, suivie, vingt cinq ans plus tard, en
1767, d'une autre édition : elle présentait la première, avec une
deuxième partie, et voyait le jour d'après une copie du manuscrit
original de Racine.
En quête, depuis longtemps, du texte de leur père, Jean-Baptiste et
Louis Racine avaient fini par se procurer la totalité de l'ouvrage, mais
seule la deuxième partie, sous sa forme autographe, parvenait dans les
mains du cadet. Louis Racine se rendit compte aisément que l'ouvrage
ne couvrait que les deux tiers du siècle, et il ne pouvait lui échapper
que Jean Racine projetait de dépasser 1665-1669. D'autres questions
étaient posées par l'existence de ce texte : quand, pour qui et pourquoi
Racine a-t-il entrepris de composer cette histoire : serait-ce pour le
nouvel archevêque de Paris ? Serait-ce pour présenter une apologie
pieuse de Port-Royal ? Ne serait-ce pas pour s'inscrire dans une longue
tradition historiographique que l'«enfant de Port-Royal» se proposa
d'offrir à ses futurs lecteurs ce chant joyeux et serein ?
Au jugement de Boileau, «c'était le plus parfait morceau d'histoire
que nous eussions dans notre langue.»