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La marquise de Montcalm, née de Richelieu, est la soeur du duc de
Richelieu qui fut par deux fois Président du Conseil de Louis XVIII,
entre 1815 et 1821. Est-ce seulement à ce titre que son Journal, écrit
durant le Premier Ministère de son frère, mérite aujourd'hui une
réédition ? Sans doute y a-t-il dans ces pages des analyses très fines
sur la situation politique de la France de la Restauration, des
informations de toute première main que la marquise n'a pu obtenir
que grâce aux relations étroites qu'elle avait chaque jour avec le duc.
Sans doute ce Journal trace-t-il un portrait éclairant de l'homme
d'État que fut Richelieu. Mais, et fort heureusement pour le plaisir du
lecteur, il n'est pas que cela. A la fois témoignage sur le contexte
politique, social, culturel et artistique des premières années du règne
de Louis XVIII, il est aussi écrit personnel rédigé par une femme qui
porte en elle toutes les influences, et parfois les contradictions, de son
temps. Esprit éclairé s'il en fut, madame de Montcalm subit
l'influence de la sensibilité des dernières années du XVIIIe siècle, celle
des idées que la Révolution a instillées dans l'esprit même de
l'aristocratie, tout en demeurant fidèle à une certaine éthique
nobiliaire d'occultation du Moi, à une vision de la politique et de la
société en conformité avec les idéaux de l'Ancien Régime. De ces
influences multiples son salon, célèbre dans tout Paris durant les
années de la Restauration, porte témoignage et ce sont elles que ces
pages font revivre, apportant un jour sans cesse renouvelé sur la
pensée d'une grande dame confrontée à des mutations qu'elle tente
de comprendre et, surtout, d'accepter.