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Les choses se sont gâtées à quelques heures de l'arrivée. Le ciel s'est
assombri. Des éclairs, beaucoup trop fréquents à notre goût, sont venus
l'illuminer. La pluie est arrivée en cataractes, nous cachant la côte. Le vent a
suivi, 30 noeuds, force 7. Le phare qui marque l'extrémité de l'île ne fonctionnait
pas, seuls les feux rouge et vert de l'entrée du port étaient visibles et encore,
ils ne clignotaient pas comme ils auraient dû. Pour couronner le tout, le GPS
du bord a perdu son signal et donc notre position. Heureusement le vent a
diminué et je savais où nous étions.
La nuit, Jupiter se reflétait sur l'océan alors que le lever du soleil était
précédé par l'apparition de Saturne, Vénus et Mercure. La Voie lactée traversait
le ciel d'un horizon à l'autre par-dessus le mât et la voilure de Cérès. On
distingue dans ces conditions des zones plus claires et d'autres moins, le long
de son arc. Les régions plus sombres ne sont pas dues à une moindre densité
d'étoiles, mais à la présence de grands nuages de poussière qui absorbent
leur lumière, l'empêchant de nous parvenir et créant ainsi ces taches noires le
long de la Galaxie. Au fil de la nuit, la Terre tournant sur elle-même et nous avec,
la Voie lactée dessinait un lent ballet dans le ciel, animé par les oscillations du
bateau sur la mer.
Un grand tour de l'Atlantique du cercle polaire à l'équateur raconté par un
astrophysicien genevois. Rencontre de la mer et du ciel, d'un scientifique et du
monde. Récit de navigation autant que réflexions sur des thèmes d'actualité.