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La présente édition compte soixante épitaphes en
vers traduites du latin. Les textes originaux de
référence (...) peuvent se trouver dans la collection
de Carmina Latina Epigraphica que Franz Bücheler
publia à Leipzig entre 1895 et 1897. Son oeuvre fut
poursuivie par son disciple Ernst Lommatzsch. Les
deux chercheurs rassemblèrent 2199 inscriptions,
funéraires pour la plupart. La sélection qui est ici
présentée s'inspire des mêmes artifices, déjà décrits,
employés par les défunts de l'Antiquité : l'intérêt de
l'exposé, la singularité, la représentativité, la beauté
poétique... Le lecteur ne tient pas entre ses mains un
simple livre de poésie, mais les derniers poèmes - les
derniers mots - avec lesquels une poignée d'hommes et
de femmes voulurent qu'on se souvienne d'eux et ainsi
revenir à la vie.
Ana Rodríguez de la Robla
Nous avons du mal à faire nos adieux. Il y a dans chaque adieu le
soupçon secret que ce sera le dernier, mais lorsque ce dernier adieu
arrive, nous essayons de le prolonger pour rester sur le seuil le plus
longtemps possible. Nous ne nous résignons pas à une absence définitive.
Nous ne voulons pas croire au pouvoir absolu de la mort. Seule l'incrédulité
nous console.
Ce recueil composé aujourd'hui par Ana Rodríguez de la Robla est,
pour ainsi dire, une anthologie de fantômes. Adultes et enfants, amis
et amants, guerriers et politiciens, philosophes et artistes, se réunissent
dans ces pages en formant un choeur de brèves et émouvantes voix. Peut-être
parce que nous savons que ce sont là des mots ultimes, nous les
entendons de manière différente, comme si nous lisions seulement la conclusion
d'un roman, les dernières pages d'une biographie. Il est possible
qu'il ne nous en faille pas davantage pour retrouver une présence que
nous croyions perdue et lui concéder une modeste immortalité.
Alberto Manguel