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La cause semblerait entendue... Nous vivons dans la société de l'information
et de la communication depuis la «révolution» Internet. Cette mutation serait
née aux États-Unis. Elle nous ouvrirait un monde du «virtuel» et marquerait
le triomphe de l'immatériel. Aucune de ces affirmations n'est totalement
inexacte, mais toutes reflètent une vision déformée, sans recul historique ni
profondeur d'analyse de notre réalité numérique.
Ce livre porte le regard sur le rôle du corps des Télécommunications
(aujourd'hui fusionné avec le corps des Mines) et, à travers lui, sur l'histoire
de ce domaine depuis le milieu du XIXe siècle. Il souligne que la réalité américaine,
pour être incontournable, ne fut pas la seule et qu'en se mobilisant
pour un projet national, ces ingénieurs formés par leur pays surent donner à
la France un rôle majeur dans le développement d'un secteur essentiel pour la
prospérité et la souveraineté des nations. Télégraphie, téléphonie, câbles sousmarins,
satellites, réseaux de données, Internet, Web, mobiles... en un siècle et
demi les dispositifs techniques se sont succédé et ont vu la France s'intégrer
avec plus ou moins d'à-propos dans un mouvement qui a transformé le monde.
En relevant l'industrie française des télécommunications et en dotant le pays
d'un réseau moderne et performant, ingénieurs, entrepreneurs et politiques
ont permis à la France de prendre, dans le dernier tiers du XXe siècle, une place
significative dans cette dynamique au sein de laquelle son rôle était longtemps
resté marginal. Il en ressort que la technologie et l'ambition sont vaines sans
une vision politique et que celle-ci n'est rien si elle n'est portée par des hommes
et des femmes ayant la volonté et l'expertise nécessaires pour l'incarner.
En associant l'analyse des historiens aux apports de l'économie et de la sociologie,
en croisant les approches académiques avec le témoignage des acteurs,
cet ouvrage offre les clefs qui permettront de mieux comprendre les enjeux
du temps présent. Entre la doxa béate des apôtres du Web et les discours
anxieux de ses pourfendeurs, il devient alors possible de penser sereinement
et lucidement le présent et le futur des technologies numériques.