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Maïmonide (1135-1204), médecin, juriste, philosophe, est
sans conteste le plus grand penseur du judaïsme médiéval, si
ce n'est du judaïsme tout court.
Leo Strauss (1899-1973), surtout connu pour sa subtile et
inactuelle défense des Anciens contre les Modernes, a écrit
sur l'auteur du Guide des égarés une série de textes, ici rassemblés
et traduits, qui en renouvellent, voire révolutionnent
l'interprétation.
Son oeuvre s'avère d'une part située dans un vaste projet
politique. Pour Maïmonide, le judaïsme est, comme l'islam
l'était avant lui pour son maître Fârâbî, moins une «religion»
qu'une Loi. Les philosophes aristotélisants du Moyen Âge
montrent que la perfection de celle-ci en fait la réalisation de
la cité idéale rêvée par Platon, avec à sa tête, héritier du
philosophe-roi, un prophète-philosophe.
Cette politique philosophique se double d'autre part d'une
philosophie devenue «politique» : le philosophe qui vit sous
une telle Loi doit écrire de telle sorte que son enseignement
exotérique, perçu par la masse, consolide la cité, alors que
son enseignement ésotérique communiquera à l'élite une
vérité autrement inquiétante.
Leo Strauss reconstitue les procédés qui ont permis à Maïmonide
d'écrire entre les lignes, et nous met ainsi entre les mains
la clé de la doctrine secrète.
R. B.