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En 1971, Madame Delaroche-Vernet-Henraux offrait au département des Arts graphiques du Louvre un extra-ordinaire
ensemble de dessins de son ancêtre Paul Delaroche, plus de sept cents feuilles provenant de la succession
de l'artiste. Celui-ci était déjà bien représenté dans les collections du musée par des tableaux célèbres, comme
Les Enfants d'Édouard ou La Jeune Martyre, oeuvres spectaculaires récemment rejointes sur nos cimaises par le
Napoléon franchissant les Alpes et le Portrait du comte de Pourtalès-Gorgier.
Souvent défini comme le parangon du juste milieu, tendance artistique qui s'est essentiellement développée à
l'époque de la monarchie de Juillet et qui regroupe des artistes aussi éloignés des emportements romantiques
que des obédiences néoclassiques, académiques ou ingresques. Paul Delaroche a exercé son talent dans de nombreux
genres, grandes décorations (à l'hémicycle de l'École des beaux-arts notamment), peinture religieuse et
portraits ; mais il est surtout connu par ses évocations historiques, se concentrant sur des épisodes dramatiques
de la Renaissance et du XVIIe siècle, choisis plus spécifiquement dans l'histoire de la France et celle de l'Angleterre ;
aucun visiteur de la National Gallery de Londres n'a pu oublier la monumentale Exécution de Lady Jane Grey qui
trône au centre de la salle consacrée à la peinture du XIXe français, de même que l'image de L'Assassinat du duc
de Guise est demeurée séminale dans les livres d'histoire illustrée.
C'est la spécificité du regard de Delaroche sur l'Histoire que traduit aussi la sélection de dessins présentée dans
les salles Mollien à partir de mars 2012. Le don de l'évocation se conjugue ici avec un graphisme d'une haute
qualité, très significatif dans son addiction à de petits formats particulièrement évocateurs. Mais on y trouvera
également de superbes portraits dessinés presque égaux à ceux d'Ingres dans leur empathie envers les modèles,
et quelques notations de voyage d'une grande sensibilité.