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On les aurait dits échappés d'une volière. Des oiseaux de paradis en
robes cristallines, cols et manchettes déliées, fraises ou chérusques
brodées de roses et de glycines, en fils d'argent surpiqués, extravagants
sous leurs bustiers ourlés de gris et de blanc, serrés au droit du dessin
de leur silhouette.
Des corps rehaussés jusqu'à supporter des petits plateaux fantaisistes
autour de leurs hanches. Hanches exagérées sous les effets de crinoline
à plat, hanches saisies sous des corsets vertigineux, ajustés et serrés.
Fusion étonnante entre une architecture de corps en mouvement et
l'espace qui la retient. Des silhouettes élancées, tutoyant les extrémités
de leur territoire particulier et cherchant, à trois, à en effleurer une quatrième,
à l'écoute d'une possible confidence.
Au risque de les perdre définitivement, il aurait été imprudent d'en
allonger les allures, car les corps flirtent déjà avec les limites de l'espace.
Ils plissent et s'élargissent vers le ciel, sous les effets de fronces
verticales et de fraises à étagères. Ils se dérobent et se dissimulent
derrière des écrans lisses. Les justaucorps baleinés se déclinent suivant
l'inspiration de l'auteur, allongent ou réduisent les pas anguleux, mais
toujours ondulants, chics et flanelle, légèrement basculés vers un point
strict, inspiration de carrés cadencés, bustier neige.
Francis Soler, juin 2008