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Le registre des actes du consistoire d'une Église constitue une
source inestimable de détails sur les mentalités et sur la mémoire
de celle-ci. Il dévoile l'organisation sociale, religieuse et politique
d'une paroisse, la vie intime de ses membres, la théologie en
vogue et, bien entendu, son rayonnement extérieur. Même si la
spiritualité personnelle reste difficile à saisir, les informations
révèlent de nouvelles pistes. Les biographies de pasteurs en sont
une. Les réseaux qui, grâce aux dépouillements des actes de baptêmes,
mariages et décès, éclaircissent les routes et les contacts
entre les Églises en Europe en sont une autre, ainsi que certains
cas de conversions. Pour Frankenthal, la conversion déterminante
est celle du moine bénédictin Armand Mamiel de Metz.
Muni d'une lettre de recommandation du pasteur d'Otterberg, il
fait son abjuration sous forme de confession de foi décrivant la
déchirure psychologique qu'il a vécue et, le 10 juillet 1664,
devient membre de l'Église réformée. Il va ensuite étudier la
théologie à Heidelberg pour enfin retourner à Metz, où il se
reconvertit au catholicisme.
Le Palatinat, terre d'accueil dès le XVIe (1562 à Frankenthal) et
surtout au XVIIe siècle (après la guerre de Trente Ans) permit l'implantation
d'un nombre important d'Églises réformées francophones
dans des monastères désaffectés. Les archives subirent
les aléas des guerres des siècles suivants, mais celles de
Frankenthal (1658-1689) et d'Otterberg (1659-1682) ont survécu
: elles sont lisibles et complètes.