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Le 1er novembre 1911, au-dessus de l'oasis de
Tagiura, en Libye, le pilote italien Giulo Gavotti se
penche hors de son cockpit et laisse tomber une grenade
à main Haasen. Il initie ainsi l'une des tactiques militaires
les plus dévastatrices du XXe siècle : le bombardement
aérien. Selon Sven Lindqvist, le bombardement
a d'emblée, avant même l'apparition de l'aviation, été
pensé en termes de domination impériale et d'extermination
: «Les fantasmes génocidaires [formés dans
les colonies] n'attendaient que l'aviation pour trouver
à s'accomplir.» Le contexte colonial de l'invention du
bombardement n'est donc pas un hasard...
Mais les fantasmes de destruction tiennent aussi à
une singularité du bombardement : la mise à distance
de la guerre, l'abstraction de la chair et du sang, des
victimes et de leurs souffrances. Le bombardement a
permis, selon Lindqvist, d'envisager la guerre «sans
émotion, comme une science». C'est ainsi que l'histoire
du bombardement nous renvoie à la robotisation
actuelle de la guerre, aux drones et aux prétendues
«guerres propres».
D'une composition singulière évoquant la fragmentation
d'une explosion, ce livre aborde des sujets
aussi divers que l'histoire et la stratégie militaires,
l'évolution du droit international, la science-fiction ou
encore l'expérience des civils en temps de guerre... Il
offre ainsi une profonde méditation sur le passé et le
futur des conflits humains.