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La vanité dans la peinture est tour à tour une méditation, une expression fascinée
et obsessionnelle de la beauté naturelle, un art d'agencer les formes et les objets,
une technique sublime. Ces caractères justifient à eux seuls la faveur dont a bénéficié
ce thème au XVIIe siècle. L'histoire de l'art a donné à cet engouement la dimension
d'un genre, repris invariablement par les artistes contemporains.
Dès le XVe siècle, les peintres ont eu la charge d'exprimer par l'image le contenu
des méditations religieuses. Penser la mort, réfléchir à la vanité des biens
de ce monde, mettre à l'épreuve la volonté du dépouillement devant l'image
séductrice de la richesse, ce sont là des projets forts pour l'humanité, que l'Église
voulait promouvoir. Au XVIIe siècle, l'iconographie qui faisait allusion au
détachement des biens terrestres et à la méditation sur la mort et la rédemption
s'est fixée dans la formule d'un genre de peinture qui a pris le nom de Vanité
à la suite d'une citation du texte de l'Ecclésiaste, très souvent représentée
sur un phylactère, à côté d'un crâne : vanitas vanitatum omnia est vanitas
(vanité des vanités, tout est vanité). Ce message de la vanité des choses de ce monde
va s'appuyer dans les pays latins sur la figure du saint ou sur l'allégorie antique,
alors qu'il s'exprime, dans le nord de l'Europe sous l'influence de la Réforme,
dans la composition d'objets.