Read more
Les quais des ports, envahis par les marchandises diverses fraîchement
débarquées des cargos en escale, ne sont plus qu'un souvenir. Les entrepôts
sont désormais désespérément vides. Les petits bars à matelots, les
officines joyeuses, les maisons du marin, les bureaux des armateurs, si
proches des navires, n'existent plus. Les dockers ne descendent plus au
fond des cales. Les alignements à perte de vue de navires de charge accostés
dans les bassins, creusés au centre-ville même des grandes métropoles
maritimes, laissent la place à des marinas. Aujourd'hui, les marchandises se
transportent dans de grosses boîtes de fer, aux dimensions standardisées.
Les cargos, aux cales non standardisées, sont remplacés par des navires
porte-boîtes, de taille impressionnante. La conteneurisation des transports
maritimes, débutée durant les années 1970, est une véritable révolution, un
prélude à ce qu'on appellera plus tard la mondialisation. Elle emporte rapidement
avec elle toute une tradition, transforme des métiers, en supprime
d'autres, bouleverse l'architecture navale et les plans des ports, qui doivent
s'équiper à grands frais pour recevoir les nouveaux porte-conteneurs.
Elle fait disparaître de très nombreux armements centenaires. C'est ce
moment d'histoire où tout bascule, et ses répercussions jusqu'à aujourd'hui,
que ce livre se propose de raconter. Porte-conteneurs, la révolution des
transports maritimes traite de la plus importante mutation vécue par ce secteur
depuis l'arrivée sur les mers des cargos à vapeur, et leur généralisation
au début du XXe siècle. Une mutation dont les hommes, à la fois
acteurs et victimes, ne sortent pas indemnes.