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L'art militaire, celui qui prévoit la meilleure utilisation des forces armées pour imposer sa volonté à l'adversaire, a connu une certaine stagnation dans les dernières décennies. Cette situation, due à la prédominance de la question nucléaire sur le plan stratégique et des problèmes posés par les conflits asymétriques sur le plan tactique, a été accrue en France par l'influence souvent dominante de la pensée militaire américaine.
Aujourd'hui, la croissance rapide des budgets militaires et la recrudescence des causes possibles de conflits entre des entités étatiques ou para-étatiques rendent plus nécessaire que jamais un nouvel élan de la pensée militaire française. Dans ce domaine, l'approche traditionnelle de la manoeuvre, qui fut souvent le catalyseur des renouveaux de la doctrine, mais qui reste largement tributaire des clichés hérités de la seconde guerre mondiale ou de concepts des années 1980, méritait d'être entièrement renouvelée.
À cette fin, selon une formule rarement pratiquée en France, des historiens et des praticiens, des ingénieurs et des officiers se sont réunis sous la houlette de Christian Malis. Ils livrent ici le résultat de deux ans de réflexions et de travaux, conduits selon une méthode simple : confronter les expériences étrangères modernes - américaines, allemandes, israéliennes, chinoises - à l'expérience française de la manoeuvre, afin de proposer des perspectives innovantes pour la prochaine décennie.
Car il se pourrait que nous soyons parvenus à une nouvelle mutation historique des formes de la manoeuvre, analogue par son ampleur à la révolution napoléonienne.
