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Depuis un demi-siècle, les États-Unis consentent des efforts remarquables
pour réduire leur vulnérabilité aux missiles. Cette entreprise extravagante,
souvent présentée comme une véritable obsession, s'explique-t-elle
simplement par une culture américaine ? Rien n'est moins sûr. Loin de
faire l'unanimité outre-Atlantique, les antimissiles sont en effet les plus
contestés des armements stratégiques et alimentent une controverse qui
resurgit périodiquement.
Pour saisir la complexité du débat, Jean-Philippe Baulon propose de
revenir au premier âge de la défense stratégique, avant la «Guerre des
Étoiles» de Ronald Reagan et la Missile Defense de George W. Bush.
S'appuyant sur une masse considérable d'archives déclassifiées, il nous
invite à une relecture générale de la stratégie nucléaire des États-Unis et à
une étonnante plongée dans leurs institutions de Défense.
Découvrant des projets parfois stupéfiants, le lecteur croisera ingénieurs
et bureaucrates, militaires et diplomates, experts et parlementaires,
mais aussi de grandes figures comme les présidents John F. Kennedy et
Richard Nixon, le secrétaire à la Défense Robert McNamara, le conseiller
à la Sécurité nationale Henry Kissinger, le général Maxwell Taylor ou le
stratège Albert Wohlstetter. Tous, quand ils débattent d'une défense contre
les missiles, dévoilent leurs certitudes les mieux ancrées sur les fondements
de la sécurité.
Car tel est le paradoxe des antimissiles aux États-Unis : s'ils présentent
un bilan dérisoire en termes opérationnels, ils occupent une position centrale
d'un point de vue intellectuel. En un sens, ils deviennent très tôt une
vraie passion stratégique américaine.