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Les débuts du XVIIe siècle voient se multiplier les jardins princiers en même temps que
les cabinets de curiosités ; dans l'enthousiasme botanique des années 1630, une
vague de tulipomania déferle sur l'Europe, excitant la verve satirique de La Bruyère.
Allemands, Français, Hollandais, Italiens, Scandinaves, sillonnent alors les mers à la
recherche de plantes rares et de spécimens inconnus sur le pourtour de la Méditerranée,
aux Amériques et jusqu'en Extrême-Orient ou au fin fond du Pacifique. Les
dessinateurs qui fixent la luxuriance ou les raretés végétales de ces contrées lointaines
ne reviendront pas toujours de ces expéditions : on connaît la fin tragique de
l'expédition de Lapérouse, en 1788 ; un siècle plus tôt, un navire hollandais coulé par
un bateau français sombre avec une somme botanique inestimable décrivant
1 200 plantes de l'île d'Amboine... dont une copie nous est providentiellement parvenue
! À la même époque, Maria Sibylla Merian part hardiment, seule avec sa fille,
dessiner la faune et la flore du Surinam.
Madeleine Pinault Sorensen, spécialiste éminente du dessin scientifique des XVIIe
et XVIIIe siècles, brosse ici une fresque érudite de ce monde foisonnant des savants,
dessinateurs, éditeurs et mécènes. Elle souligne le rôle capital du dessin, outil d'observation
directe mais aussi de transmission du savoir botanique, et détaille les innovations
techniques dans la gravure et l'impression qui permettent aux éditeurs et libraires de
diffuser plus largement ce savoir grâce à des images toujours plus parfaites.
Complété par 40 pages de sources et références bibliographiques, l'ouvrage est
riche aussi d'une centaine d'illustrations, dont 48 planches en couleurs aussi éblouissantes
que variées dans leur approche de la botanique, de Redouté au père Plumier
en passant par Johann Walter ou Nicolas Robert : lis martagon, fleur de la Passion,
pivoine, fleur de bananier, rose de Noël, dragonnier... illustrent
avec bonheur cette approche savante de la botanique.