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Depuis trente ans, le «Pouvoir» se métamorphose profondément.
Il apparaît aujourd'hui comme venant «de partout et de
nulle part». De nouveaux pouvoirs (entreprises, ONG, institutions
internationales...) se sont affirmés, condamnant définitivement les
discours, les analyses et les actions s'articulant sur l'imaginaire du
«Pouvoir» au singulier.
Si l'on peut se réjouir du déclin d'une certaine forme d'étatisme sclérosant
et de l'apparition de la «gouvernance» (en clair du partage de la
décision), différentes facettes d'un soft totalitarisme nous menacent.
Citons par exemple le capitalisme financier, devenu fou.
Entre concurrence des nouveaux pouvoirs et nouvelles manifestations
hégémoniques fondées sur l'influence (américaines ou chinoises),
aux conséquences plus ou moins lisibles, l'Europe et la France doivent
construire enfin cet introuvable État stratège, qui s'avère indispensable
pour l'avenir des sociétés libérales et démocratiques.
Ce défi de la réforme étatique exige prioritairement la construction
d'une stratégie globale de sécurité nationale. Cette dernière, prenant
acte de l'évolution des formes de la guerre et de l'émergence de nouvelles
conflictualités, devra s'insérer dans une logique de sécurité collective
européenne et mondiale, c'est-à-dire de coopération internationale,
et non de «choc des civilisations» : tout au contraire, la métamorphose
du pouvoir pourrait apparaître comme la chance des civilisations !