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Les Sociétés Militaires Privées (SMP) occidentales sont-elles le nouveau nom
des mercenaires ? Le marketing aurait-il seulement dépoussiéré une vieille
réalité ? Certainement pas. Les SMP d'aujourd'hui se caractérisent précisément
par le fait qu'elles ne combattent pas directement. Elles assurent en réalité
des missions de soutien aux forces nationales, aux armées régulières.
A contrario, les mercenaires, tout au long de l'Histoire, furent payés pour faire
la guerre. Finalement, les SMP traduisent un recentrement des militaires sur
leur coeur de métier ; elles soulagent en effet les troupes combattantes des
activités «annexes» : logistique, maintenance, formation, santé, etc. Elles
s'inscrivent dans une logique d'externalisation (visant à faire face aux
contraintes budgétaires) et non dans une dynamique de privatisation de la
guerre. L'État, en Europe comme aux États-Unis, reste l'unique détenteur de la
«violence physique légitime». Loin des condottieri italiens de la Renaissance,
qui représentaient un véritable symbole des guerres privées, c'est-à-dire du
mercenariat, les SMP expriment la forte nécessité d'une «sous-traitance» au
sein des armées. De surcroît, la confusion persiste, mais à tort, entre les sociétés
militaires privées (SMP) et les sociétés de sécurité privée (SSP) assurant la
protection d'entreprises dans des zones à risques, ou particulièrement
sensibles, parfois hostiles.
Refusant les facilités d'une condamnation en bloc, Philippe Chapleau analyse
l'émergence des SMP au prisme des impératifs qui s'imposent aux gouvernements,
tout en traçant les pistes d'un développement de ces sociétés
favorable à l'efficacité des armées et respectueux des exigences de la
démocratie.