Read more
Pionnier du renouveau de l'histoire des mathématiques en France, le mathématicien
Pierre Dugac a oeuvré pour qu'elle entre dans les programmes de l'enseignement
supérieur. Élève de Jean Dieudonné et collaborateur de Jacques Dixmier, il a succédé
à René Taton à la direction du séminaire d'histoire des mathématiques de l'Institut
Henri Poincaré. Il fut notamment élu membre de l'Académie internationale
d'histoire des sciences et membre correspondant de l'Académie des sciences.
J'ai essayé de me plonger dans l'histoire des
mathématiques pour apprendre la langue que
parlaient les mathématiciens du passé, pour
retrouver les idées qui les guidaient et les
méthodes qu'ils utilisaient. Je ne cache pas
mon ambition de faire entendre ici les voix de
ces savants en leur donnant souvent la parole
pour essayer de mieux dévoiler le magnifique
héritage qu'ils nous ont légué [...].
La notion de limite et les éléments des fondements
de l'analyse constituent le thème central
de ce travail. J'ai été très attentif aux moments
cruciaux où apparaissaient les différentes
notions dont celle de limite était le fil directeur.
Elle trouve son point de départ dans une
image géométrique : celle d'un carré inscrit
dans un cercle. Euclide en tirera la première
démonstration d'approximation du nombre Pi,
ouvrant ainsi la voie au développement de ce
concept. Par ailleurs je souhaite avoir mis en
évidence un effort - ininterrompu des
Babyloniens jusqu'au XXe siècle - qui a permis
d'aboutir à la mathématique d'aujourd'hui.
Pierre Dugac
«Pierre Dugac s'est attaché à la recherche et
à l'analyse de documents inédits, de cours
manuscrits, de correspondances scientifiques
ou personnelles, d'éléments biographiques,
etc. qui lui permettent de mieux saisir les cheminements
scientifiques et en même temps l'unité
des oeuvres et des hommes. Le mot cheminement
revient souvent sous sa plume : une
notion, une oeuvre, comme une vie, cheminent,
il faut en suivre les étapes mais aussi les
détours, les hésitations, les retours en arrière,
les élans, les fatigues, les apothéoses, les
déchirements. Cette compréhension en profondeur
des personnages qui vivent sous ses
yeux - comme de leur oeuvre mathématique
qui le fascine et le passionne - donne à son
travail une sensibilité, un relief et une richesse
très remarquables. Il savait allier la finesse et
la délicatesse de ses intuitions, parfois proches
de celles d'un romancier et d'un poète, à la
rigueur et à l'honnêteté scrupuleuse d'un
mathématicien et d'un historien.»
Jeanne Peiffer,
Revue d'histoire des mathématiques