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Si l'usage du narguilé appelle avant tout un geste qui, en soi, intéresse l'anthropologie, le principe original de filtration de la fumée dans l'eau, censé éliminer un certain nombre d'éléments nocifs, n'est pas sans conséquences sur les attitudes et comportements, et, par là, sur les façons de fumer et les choix en la matière. A cette représentation tabacologique positive s'ajoute le fait, social, que ce sont des dizaines de millions de femmes et d'hommes qui fument quotidiennement le narguilé des heures durant. Un tel usage social couvre quatre siècles d'une histoire qui s'est étendue à la plupart des continents. Même la convivialité générée par un tel objet, en raison de ses dimensions ludique (passage de main en main du tuyau), communicative (prétexte à la conversation) et temporelle (temps long de la combustion), se distingue nettement de celle du thé, du café ou encore d'autres modes d'usage du tabac. Elle est ici analysée dans ses divers contextes socio-culturels.
Par ailleurs, compte tenu de son caractère hautement «exotique» et mystérieux, le rapport du narguilé à la littérature et à la peinture est également abordé, de même que la rencontre de la tradition et de la modernité ainsi que la critique de l'orientalisme. L'observation directe concerne le Yémen, la Jordanie, mais également d'autres pays, comme la Tunisie, l'Egypte, la Syrie, le Liban, la Turquie et la Libye, sans oublier les Etats-Unis d'Amérique et la France (néo-orientalisme).
A l'aube du troisième millénaire, on observe une «mondialisation» de cette pratique. En effet, même en dehors de ses frontières naturelles, principalement le Moyen-Orient, le narguilé devient le prétexte à l'éclosion de cafés ou salons aux ambiances néo-orientalistes et la raison d'être de leur fréquentation.
