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Novembre 1859, publication à Londres de L'Origine des espèces de Charles Darwin.
La vision que l'on a de l'origine de la vie, du monde vivant, de l'homme et de ses origines,
va être bouleversée. Une véritable révolution dans l'approche scientifique, mais
aussi spirituelle et philosophique de la vie, va se produire, du moins en Angleterre
mais aussi dans les autres pays anglo-saxons.
Et en France ? il faut attendre la traduction en 1862 pour que le monde académique
se prononce. Il va être peu réceptif à cette nouvelle vision de l'évolution, si ce n'est
franchement hostile. On se complait encore avec les idées fixistes de Georges Cuvier,
et les travaux de Jean Baptiste Lamarck, publiés dès 1809, sont ignorés. L'Académie
des sciences discutera sur huit années de l'élection de C. Darwin comme correspondant
étranger ! Toutefois, de rares scientifiques ont saisi, dès la publication de
L'Origine des espèces, la portée des idées avancées. Mais les efforts d'ouverture à
cette nouvelle théorie se sont le plus souvent limités à ces milieux universitaires. Il
était donc intéressant de savoir si d'autres hommes s'étaient employés à faire connaître
ces idées au grand public, jouant le rôle de passeur d'idées.
Henry de Varigny (1855-1934) en est certainement le plus digne représentant. Ayant
une formation anglophone, médecin de formation, docteur ès-sciences, il consacre
plusieurs années à une recherche expérimentale au Muséum national d'Histoire naturelle
pour se tourner ensuite vers le journalisme scientifique. Il va faire connaître le
darwinisme : auteur d'ouvrages sur Darwin et le darwinisme, traducteur des lettres de
C. Darwin et des ouvrages de ses condisciples. Mais c'est toutefois par ses articles
dans des quotidiens à grand tirage qu'il fera connaître l'oeuvre de Charles Darwin. Ce
parcours d'écrivain, de traducteur et de journaliste est d'autant plus original qu'une
telle démarche à l'époque est rare, dans un milieu resté indifférent, sinon hostile au
darwinisme.