Read more
Doctrine et Discipline du Divorce, publié en 1643, revu et largement
augmenté en 1644, est un pamphlet somptueux qui rutile de pensées neuves
et d'éloquence poétique, et qu'on lira avec jubilation. En même temps qu'avec
des éclats de colère il revendique le droit au divorce, cet écrit intrépide
entend redéfinir le sens même du mariage : loin de devoir «enchaîner»
éternellement «deux carcasses», le mariage n'a de raison de durer que s'il est,
entre deux êtres, «une conversation juste et agréable». John Milton, s'il n'est
pas encore l'auteur de Paradis perdu (cette sublime épopée moderne que
toute l'Europe lira), est déjà le poète, entre autres, de L'Allegro et de
Il Penseroso (qui seront mis en musique par Händel). Il a également publié
plusieurs traités participant pleinement de l'effervescence politique et
religieuse qui s'est emparée d'une Angleterre alors en révolution (jusqu'à
l'exécution du roi en 1649).
À l'éloquence publique, Doctrine et Discipline du Divorce mêle des
accents tout personnels : c'est que ce pamphlet est né de l'échec, amer (mais
provisoire), de son mariage avec Mary Powell et qu'il s'y glisse par endroits
de l'autobiographie.
Claude Mouchard
Dans cette édition bilingue, le texte de Milton est accompagné d'une
présentation et de notes du traducteur, Christophe Tournu, ainsi que d'une
postface d'Olivier Abel et Sandra Laugier, qui inscrit dans notre temps cette
réflexion sur le mariage et le divorce. Deux autres ouvrages de Milton ont
déjà été publiés dans la même collection : Le Paradis perdu (édition bilingue)
et Écrits politiques.