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«À nos détonations simultanées, le gaur
(minh) frappe deux fois le sol de ses sabots,
puis il charge, furieux. Une tache claire et
fauve troue soudain les buissons à 2 m du
sol et le monstre m'apparaît, bondissant en
trombe sur moi. Je le vise vivement à la tête,
le coup part, à l'instant précis où le monstre,
gêné dans sa charge par quatre baliveaux
serrés, était forcé d'obliquer légèrement.
Ma balle glisse sur les flancs de l'animal
sans l'arrêter. Une seconde après, il est à
un mètre de moi et je dois le tirer au flanc
à bout portant ; il m'a déjà dépassé, tel un
éclair fauve... J'ai encore sur la rétine l'impression
inoubliable de ses yeux ronds irrités
et farouches, quand un coup de feu éclate à
un mètre sur ma droite. Je vois et je rejette
d'instinct la tête en arrière, la puissante
corne d'un second minh déchire ma veste
sans m'atteindre. C'est le deuxième monstre
qui nous a chargés, lui aussi, mais en écharpe
et qui passe emporté dans un galop furieux,
rattrapant et suivant à quelques mètres le
premier minh. Je les vois tous deux fuir à
découvert, j'essaie rapidement, mais en vain,
d'amener une quatrième cartouche, elle se
bloque entre l'auget et l'entrée du canon.»