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Le pouvoir de l'employeur est une figure centrale du rapport de travail, qui
a toujours fasciné la doctrine. D'où vient ce pouvoir qui structure le travail-salarié
? Du contrat qui le génère, du droit de propriété qui le fonde, de la loi
qui l'encadre, de la jurisprudence qui le découvre ? Et si cette question n'était
finalement plus d'actualité. Maintenant que le pouvoir de l'employeur n'est plus
contesté dans son existence même, l'heure n'est-elle pas à la compréhension des
règles qui le prennent pour objet ? C'est précisément à cette question que la
présente étude s'est efforcée de répondre en examinant comment le droit du
travail crée, façonne, limite, en un mot, régit le pouvoir de l'employeur.
Il en ressort principalement que ces règles, loin de former un ensemble
unique, se divisent en deux grandes catégories selon qu'elles portent sur le
pouvoir général de l'employeur ou sur les pouvoirs spécifiques que ce dernier se
voit attribuer par le contrat ou l'accord collectif de travail.
Le pouvoir général fait l'objet d'un régime pluriel, aussi varié que les actions
unilatérales de l'employeur sont nombreuses : licenciement, sanction
disciplinaire, changement des conditions de travail, décision de gestion,
discrimination, différence de traitement, etc. Malgré sa grande diversité, ce
régime a pour trait essentiel de rationaliser le pouvoir de l'employeur, en lui
assignant des finalités légitimes et en appréciant son caractère adéquat.
Les pouvoirs spécifiques que l'employeur tient du contrat ou de l'accord
collectif font généralement l'objet d'une analyse ambivalente, partagée entre la
tentation d'y voir de simples déclinaisons du pouvoir général et celle de les
considérer comme une stricte application de la volonté des parties. Et si le
régime de ces pouvoirs résidait plutôt dans la combinaison de ces deux logiques ?
Puisqu'il s'agit d'une forme hybride de négocié et d'unilatéral, ne conviendrait-il
pas, en effet, que ce soit l'accord de volontés des parties qui fixe les conditions
dans lesquelles l'employeur se voit attribuer, donc peut exercer, ces pouvoirs ?