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Qu'est-ce qui fait que Maupassant peut écrire : «Huit jours plus tard elle
mourait d'une fluxion de poitrine» (Les Bijoux), plutôt que, ce qui serait plus
attendu : «Huit jours plus tard elle mourut d'une fluxion de poitrine» ?
Depuis le début du XXe siècle, ce type d'emploi de l'imparfait a retenu l'attention
des linguistes et de tous ceux qui s'intéressent aux énigmes du langage :
comment expliquer qu'on puisse user d'un imparfait, dit narratif, en lieu et place
d'un passé simple ou d'un passé composé ? Et pour quelles raisons, pour quels
profits ? Comment se fait-il que l'imparfait, qui normalement représente l'action
dans son cours, semble ici la signifier globalement ? Est-il ce caméléon à même de
prendre en contexte des valeurs non seulement différentes, mais contradictoires ?
Autant de questions auxquelles l'ouvrage répond, en discutant les différentes
explications en présence et en proposant une hypothèse originale : l'effet de sens
narratif n'est pas imputable au seul imparfait ; il est le produit de l'interaction tendanciellement
discordante entre la demande du contexte, et l'offre aspectuelle de l'imparfait
qui ne la satisfait pas.
L'analyse de nombreuses occurrences attestées, écrites et orales, littéraires,
journalistiques et conversationnelles, permet de brosser un portrait détaillé de
l'emploi narratif de l'imparfait, de ses façons textuelles de se comporter, de ses
origines comme de ses fréquentations syntaxiques.
Par-delà, c'est à une esquisse de l'analyse du fonctionnement des temps
verbaux en contexte que cet ouvrage introduit, non sans humour et dans le plaisir
renouvelé d'expliciter certains aspects de la production du sens en discours.