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Des logements propres et confortables, des écoles à la pointe de la
modernité pédagogique, des loisirs variés, des magasins de proximité,
un système de protection sociale contre les accidents de la vie. C'est déjà
à partir de 1859, au Familistère de Guise dans l'Aisne, que Jean-Baptiste
André Godin bâtit un Palais social, juste aux côtés de son usine d'appareils
de chauffage. Rare expérimentation d'inspiration fouriériste qui a su
résister au temps, le Familistère est une réponse unique et originale à la
question sociale qui tenaille alors une société en voie d'industrialisation.
Dans la ruche «familistérienne», la reine porte un nom : solidarité.
Autodidacte frotté de spiritisme, homme politique, journaliste, auteur
de multiples ouvrages à visée réformiste, Godin (1817-1888) multiplie
les rôles tout au long de sa vie. Mais il est avant tout un manufacturier
hors normes, doué d'un sens aigu de l'innovation : ses poêles en fonte
sont toujours célèbres aujourd'hui. Godin est aussi un socialiste pacifiste
qui s'oppose aux principes du libéralisme. Avec des succès inégaux, il
expérimente la démocratie industrielle et promeut l'économie sociale ;
féministe, il agit en faveur de l'éducation mixte, du travail des femmes
et de la parité dans la gestion des affaires du Familistère.
Michel Lallement, grâce à l'exploitation approfondie des archives du
Familistère, restitue la vie de Godin et les principes qui guidèrent son
action. Sans jamais séparer l'homme du contexte dans lequel celui-ci
pense et agit, cette biographie est aussi celle des principales inventions
auxquelles Godin donne vie. En cela, elle éclaire de profil l'histoire du
socialisme et des alternatives au libéralisme économique : toutes menées
au nom du caractère vital et sacré du travail, les initiatives et propositions
de Godin ont connu des fortunes différentes, puisque paradoxalement,
ce n'est pas entre les murs de l'usine mais bien plutôt au coeur du Palais
social que le travail de l'utopie a porté ses principaux fruits.