Read more
Nouveau ciel, Nouvelle terre fait référence au verset apocalyptique
figurant sur les panneaux de l'horloge astronomique de Strasbourg, non loin
du portrait de Copernic. Les articles ici réunis examinent le développement
historique de la question copernicienne : l'espace de sa réception, de sa diffusion,
et les différentes formes de résistances à la théorie héliocentrique,
qui n'ont d'ailleurs pas toujours abouti à en interdire la diffusion. D'abord,
ce volume étudie l'articulation entre l'élaboration de la problématique
copernicienne et les préoccupations eschatologiques constantes chez les
théologiens les plus écoutés comme Philippe Melanchthon (1497-1560) ou
Andreas Osiander (1498-1552), mais aussi bien présentes chez des coperniciens
de la première heure comme Georg Joachim Rheticus (1514-1574). En
second lieu, il s'agit de montrer que la «révolution astronomique» remet
progressivement en question la distinction traditionnelle entre un monde
sublunaire, matériel, corruptible, et un ciel inaltérable, sans histoire ni secret.
Avant de s'identifier en une seule substance, ce nouveau ciel et cette nouvelle
terre sont saisis comme des réalités symétriques : les spéculations
alchimiques de Tycho Brahe (1546-1601), ou la fortune du paracelsisme,
reflètent bien la conscience nouvelle de cette symétrie, et d'une solidarité
inconnue de tous ceux qui, avec Aristote, tiennent l'astronomie pour une
science purement et seulement mathématique. Dans le ciel qu'étudient ces
nouveaux astronomes, il y a, comme sur la terre, de la matière, du mouvement,
et des changements réels. Cet ouvrage examine aussi cette découverte,
dans le sillage de Copernic (1473-1543), de la nature physique du ciel ;
la théorie des comètes ou des «nouvelles étoiles» engage ainsi l'astronomie
dans la voie d'une évolution radicale qui, avec Kepler (1571-1630), la fera
accéder au statut de «physique céleste». C'est là le terme d'une révolution
commencée presque cent ans plus tôt.