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Après avoir tour à tour traité des sources, des systèmes fiscaux, de la
redistribution, puis de la gestion de l'impôt, les participants à ce colloque
s'intéressent aux politiques et aux stratégies urbaines face à
l'impôt. De la Castille à l'Italie du Centre et du Nord en passant par
l'Aragon et la Catalogne, de la Savoie à la Provence et au Languedoc
en sillonnant l'Auvergne, l'Albigeois et le Bordelais, des dissertations
les plus savantes des juristes médiévaux à une technique fiscale quotidienne
tantôt rudimentaire et tantôt très fortement élaborée, l'enquête
se veut exhaustive. Rien n'a été laissé dans l'ombre pour saisir
l'attitude d'un monde urbain constamment en bute à une fiscalité
princière ou étatique souvent oppressante. Tout aussi a été mis en
oeuvre pour décrypter les moindres réactions des contribuables face à
un pouvoir urbain toujours mieux armé pour les contraindre à
s'engouffrer dans les rets d'un système fiscal constamment en quête
d'efficacité et de rendement.
De ces politiques aussi affinées que contraignantes naissent des
concurrences multiformes pour échapper à la charge fiscale ou, à tout
le moins, en diminuer le poids. De patientes et fines analyses ont permis
de les détecter à tous les niveaux, aussi bien entre le prince et le
pays qu'entre la ville et son plat pays et, de même, entre catégories
socioprofessionnelles ou simples contribuables. Autant de tensions
dans ce monde d'un bas Moyen Âge désormais fortement fiscalisé,
autant de déchirures aussi d'un tissu social à jamais ébranlé, qui engendrent
des résistances multiples.
Marqueurs du présent et du devenir géopolitique de ce vaste ensemble
méditerranéen, ces profondes mutations liées au redéploiement d'une
fiscalité retrouvée valent identité pour ses cités dont elles contribuent
largement à former la mémoire.