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Jean-Jacques Olier est né le 20 septembre 1608. Fondateur de
la Compagnie de Saint-Sulpice, il a beaucoup écrit mais peu publié.
Inédit, cet écrit mystique publié par Mariel Mazzocco constitue
une vraie découverte.
Dans L'Âme cristal, on retrouve un vocabulaire de la simplicité
proche des grands maîtres de la mystique chrétienne, tels
Eckhart, Tauler, Ruusbroec, Jean de la Croix...
Jacques Le Brun écrit dans sa préface :
Sous une forme d'apparence classique, la pensée de M. Olier
était d'une grande hardiesse. Son intention était moins d'exposer
une doctrine Des attributs divins en nous que de saisir en une
écriture, donc des mots, ce qui est insaisissable : le rapport entre
Dieu et l'homme et les effets de ce rapport. D'où une dialectique
entre «l'être abyssal et suressentiel de Dieu», cet être «suréminent»,
«sublime, surnaturel» et l'homme dont l'être doit être anéanti
pour qu'il n'y ait «plus de nous en nous» et qu'il n'y ait «plus
qu'un Dieu en nous».
Faisant fi des frileuses prudences de l'orthodoxie, M. Olier
écarte l'idée d'un rapport qui ne serait que «d'imitation», pour
parler d'«union et d'unité». Rapport proprement impensable d'un
«désir sans désir», d'un «amour sans ardeur», par une pureté et
nudité (sans forme, sans figure) qui, à l'absolue pureté de Dieu,
répondent par une passivité paradoxalement agissante. L'insistance
sur l'anéantissement, la négativité qui traverse tout le chemin
d'une pensée et d'une expérience (négation de la sensibilité,
de la propre raison, du désir, de l'être même, des actes de la vie
chrétienne, voire des sacrements) est aussi le signe de la présence
et de la vie de Dieu en l'homme, de Dieu qui «se baise en
l'homme», tel le divin Narcisse qu'à la même époque et sous
d'autres cieux, chantait Sor Juana Inés de la Cruz.